Blockchain a probablement été l’un des mots qui a suscité le plus de fantasmes dans la communauté tech en 2015. Depuis sa création, une multitude d’applications émergent peu à peu. Nous avons donc voulu tenter l’expérience : décentraliser OuiShare avec Blockchain, qu'est-ce que cela pourrait bien vouloir dire ?
Lors du OuiShare Fest 2015, Blockchain était sur toutes les lèvres. Comme l’écrivait The Economist, le sujet était traité dans presque toutes les interventions. Pour les non-initiés, le Blockchain est une technologie qui repose sur un réseau décentralisé d'ordinateurs qui enregistrent les actions individuelles de manière distribuée, permettant la coordination à l'échelle mondiale, sans autorité centrale ni hiérarchie. Si vous souhaitez en savoir davantage, voici un excellent article d’introduction sur le sujet et une conférence TedX pour vous mettre le pied à l’étrier.
Jusqu'à présent, Blockchain est plutôt connu pour ses applications possibles dans le domaine de la finance. Mais un écosystème de plus en plus dynamique est en train de voir le jour en construisant des infrastructures et des outils reposant suer cette logique ou d’autres protocoles décentralisés tels que l’application de covoiturage La'Zooz, la plateforme d’attribution d’art numérique Ascribe.io ou encore Swarm et Backfeed, deux outils pour redistribuer la valeur dans une organisation collaborative.
Depuis le premier jour, OuiShare a fait le pari d'être d’une organisation horizontale
Depuis le premier jour, OuiShare a fait le pari d'être d’une organisation horizontale. Voilà pourquoi, lorsque nous avons rencontré Matan Field et Primavera de Filippi au OuiShare Fest, leur nouveau projet, Backfeed, a éveillé notre curiosité. Voici leur histoire en quelques lignes : Matan a lancé l’application de covoiturage décentralisé, La'Zooz, en 2014. Peu à peu, il se rend compte que plusieurs briques technologiques essentielles à son projet manquent encore pour que cela marche. Il chercha donc des contributeurs qui, comme lui, voulaient développer des outils basés sur le Blockchain afin de permettre "la décentralisation de tout et n’importe quoi". Ce projet est devenu Backfeed, un software qui fournit aux organisations les outils dont elles ont besoin pour "se développer de manière juste et équitable", grâce à une coordination organique et distribuée : une alternative à la hiérarchie.
Depuis que nous avons créé OuiShare, nous avons connu de nombreuses difficultés liées à la prise de décision, à la transparence, à la gouvernance et à la distribution de la valeur. Voilà pourquoi l’idée d’une coordination distribuée, sans hiérarchie, trouve chez nous des oreilles attentives. Mais concrètement, comment cela impacterait il la façon dont nous travaillons, décidons, communiquons ? Comment mesurerions-nous la valeur apportée par chacun ? Et au fond, est-ce vraiment quelque chose dont nous avons envie ?
Il y a beaucoup de battage autour de Blockchain dans la communauté tech. Il est temps de démystifier tout ça.
Pour en savoir plus, nous avons donc décidé de tenter une expérience avec Backfeed : décentraliser une partie de l'organisation du OuiShare Fest 2016. Pour des gens qui ne sont ni ingénieurs, ni des experts du Blockchain, cela peut sembler un geste audacieux, voire naïf. Mais il y a tant de battage, et les attentes semblent si grandes, qu’il est temps pour nous de démystifier tout ça et de l’utiliser en vrai, juste pour voir. En somme, c’est la seule façon que nous avons trouvée pour tenter de comprendre ce que Blockchain et la décentralisation pourraient changer dans la vie quotidienne des gens à peu près normaux.
NOTRE PREMIÈRE EXPÉRIENCE DE BLOCKCHAIN AVEC LE OUISHARE FEST
Lors d'un atelier de lancement de deux jours avec Backfeed à Paris, nous avons commencé par définir quelle partie du OuiShare Fest nous souhaitions décentraliser en premier, et selon quelles modalités - ce qui s’est avéré être une tâche déjà complexe (j’expliquerai pourquoi dans mon prochain post). La création du programme semblait être le choix le plus naturel, car jusqu'à présent, cela a été la partie la plus ouverte et contributive du projet : historiquement nous construisons le programme à partir d’un appel à contributions auquel répond notre communauté.
L'objectif : améliorer la sélection des contenus les plus intéressants proposés par la communauté, rendre les contributions des membres plus faciles et les reconnaître à leur juste valeur.
Notre démarche est double : rendre ces contributions plus visibles en les documentant de façon transparente, et permettre aux contributeurs de se construire une réputation - c’est à dire une crédibilité - grâce à la qualité de leurs contributions reconnue comme telle par leurs pairs. Le OuiShare Fest attire chaque année des centaines de personnes qui contribuent au projet de manières diverses, des personnes qui viennent souvent de loin, et nous avons pensé que Backfeed pourrait être un outil intéressant pour non seulement les mettre à l'honneur, mais aussi pour encourager de nouvelles formes d'implications dans le projet.
Comment faire ? A ce jour, Backfeed ne peut être utilisé que par le biais d'une intégration dans Slack. L’intégration avec d'autres outils devrait suivre bientôt, mais pour l'instant nous expérimentons au sein de notre équipe en utilisant l’extension disponible. Nous avons donc créé un canal Slack de curation de programme, utilisant l’extension Backfeed, sur lequel nous invitons notre communauté de 80 connectors à soumettre des contributions.
Résultats attendus : vu que c’est notre première tentative en la matière, il est difficile de savoir à quoi s’attendre. Bien sûr, cela peut ne pas marcher. C’est même probable. Il reste beaucoup de questions sans réponses, sans compter une certaine crainte que cet outil n'encourage de nouveaux comportements (concurrence interne, culture de la performance à tout prix) qui ne seraient pas alignés avec nos valeurs. Mais sur la base des idées, des questions et des préoccupations de l'équipe qui ont été exprimées lors de notre premier atelier, je constate que nous avons surtout l'occasion d'en apprendre beaucoup sur nos valeurs, nos motivations, nos comportements de groupe et nos modes de pensée.
Pour partager cette expérience avec tous ceux qui songent à expérimenter la décentralisation ou l’ont déjà fait, je documenterai tout cela avec articles au cours des prochains mois.
Donc, si vous êtes curieux, restez dans le coin, nous allons voir où tout cela nous mène!