Pour caricaturer, on pourrait dire qu’une communauté c’est d’abord une histoire de bières ou d’événements vécus ensemble qui permettent de souder des individus qui partagent des valeurs communes. On aurait tort d’y voir là un simple phénomène générationnel et de sourire à l’évocation de ces références en apparence un peu fleur-bleue. Bien évidemment que s’il suffisait de réunir des gens autour d’une bière pour former une communauté, ça se saurait. Il n’en demeure pas moins que le développement de temps informels nombreux et répétés qui permettent aux membres de se connaître et ainsi de créer un espace de confiance entre eux est un moyen très puissant pour cimenter le groupe autour d’un objectif et des valeurs partagés. Et cela a une puissance exceptionnelle y compris dans un contexte professionnel comme en témoigne la dynamique de Happy Dev et notamment sa capacité à se positionner sur des appels d’offres extrêmement sérieux.
Une communauté crée un sentiment d’appartenance.
“Au dernier summit international, j’ai croisé des gens d’autres communautés Ouishare que je n’avais jamais vus. Et pourtant c’était comme si on se reconnaissait” témoigne Martin.
Les valeurs, un récit commun, cet espace de confiance implicite dans lequel les membres évoluent naturellement parce qu’ils se sentent engagés dans la même aventure collective, tous ces ingrédients permettent aux membres d’une communauté d’entrer en relation les uns avec les autres extrêmement facilement. Et c’est ce qui fait la différence entre un réseau et une communauté. On est clairement à un niveau supérieur de relations humaines avec des liens robustes et très qualitatifs.
Le sentiment d’appartenance suscite l’engagement.
C’est donner du temps, de l’énergie ou du coeur parfois, au service d’un bien commun. Une communauté est bien plus qu’une bande de bénévoles qui sont ensemble en mode associatif. On trouve de plus en plus de communautés qui permettent à leurs membres de trouver leurs modèles économiques : Happy Dev, makesense et Ouishare en sont des exemples vivants. Chacun a besoin de gagner sa vie et la communauté peut offrir un cadre pour cela. Néanmoins il est nécessaire de conserver à tout prix une part de contribution sans contrepartie : c’est un des signes tangible qu’il y a réellement de l’engagement. Cela prend du temps d’ailleurs de s’engager et pour s’engager pleinement, il faut être accompagné. C’est ce qu’a imaginé makesense avec son “parcours d’engagement” qui permet d’appuyer les nouveaux membres dans la complexité des codes et des usages de la communauté qui sont souvent informels et de les outiller pour concrétiser leurs premiers pas concrets.
Finalement, une communauté permet à chacun de ses membres de grandir individuellement dans un cadre collectif. Dans un monde où l’entreprise a la réputation de ne pas toujours prendre soin des hommes et des femmes qui la composent, on comprend que les communautés séduisent même si, on s’en doute, cela demande une forme de courage et de capacité à remettre en cause des schémas bien ancré. Nos invités nous ont proposé cinq ingrédients pour que la recette soit réussie.
- Définir ce qui unit les membres : un récit ou une épopée. Cela cimente le sentiment d’appartenance et c’est très fort. C'est aussi ce qui transcende les individus et qui produit un alignement qui permet à chacun de se réaliser individuellement tout en réalisant collectivement un objectif commun
- Lâcher prise. Accepter l’émergence de l’inconnu et du nouveau. Cesser de vouloir tout contrôler. Faire confiance au génie du collectif. C’est sans doute une des épreuves les plus difficiles parce qu’elle va d’abord à l’encontre de tous nos conditionnements et à l’encontre également des systèmes de contrôle imposés par le cadre réglementaire dans certains cas. En particulier dans le cas des contraintes de gouvernance des entreprises basées sur un actionnariat financier, il est très difficile de lâcher-prise.
- Small is beautiful. Viser des groupes de 8 à 20 personnes maximum, reliées entre eux. Viser grand et commencer petit. Laisser croître et émerger. Se souvenir aussi qu’il n’est pas forcément possible d'appliquer un modèle communautaire à toutes les situations.
- Traiter la gouvernance avec beaucoup de soin, qu’il s’agisse de la ou des structures juridiques qui supportent la communauté mais également de la manière dont les décisions sont prises. Partage du pouvoir et partage de la valeur : tout est là
- Ne pas avoir peur du troll et une fois encore faire confiance au collectif qui exerce un contrôle social extrêmement efficace, dès lors que la communauté a atteint une certaine maturité,
Dans un monde complexe et volatile, faire communauté semble être un moyen puissant, à la disposition des managers et des chefs d’entreprise, pour remettre l’humain au coeur de leurs organisations tout en pensant écosystème. Pourvu qu’ils soient prêts à s’ouvrir les chakras et qu’ils soient sincères dans leurs intentions, ils découvriront à quel point ce mode d’organisation leur permettra de gagner en agilité, en innovation et finalement, en capacité de résilience.