Magazine
April 21, 2020

Feu vert pour l’habitat participatif

La construction immobilière était un des derniers secteurs où la consommation collaborative n’avait pas encore fait une entrée fracassante. Pourtant, une petite révolution est déjà en cours : l'habitat participatif. Une tendance dont même les pouvoirs publics commencent à s'emparer.

Qu'on l'appelle l'habitat participatif, cohabitat ou habitat groupé, ces termes barbares recouvrent une même idée : redonner la parole et le pouvoir aux habitants dans la conception et la gestion d'une résidence personnalisée. Cette troisième voie dans le logement neuf vient compléter l’offre des promoteurs privés et des bailleurs sociaux, en s’appuyant sur la force d’une demande citoyenne groupée. C’est bien ici l’offre qui s’adapte à la demande et non l’inverse. À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement. Ou encore de partager des espaces et services inaccessibles individuellement. On y retrouve le plus souvent des chambres d’amis, des laveries, des salles des fêtes partagées, de grands espaces extérieurs (terrasses, jardins) et...une communication améliorée entre voisins.

À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement.

Loin d’amplifier les tensions qui naissent souvent dans les copropriétés standards, le cohabitat permet de pacifier les relations de voisinage en créant dès le départ un espace de dialogue et de confiance. On s’y rend facilement de petits services pour garder les enfants, se prêter des produits culturels, de l'électroménager, partager des véhicules, bricoler ou prendre l’apéro... Bref il s’agit d’organiser et de favoriser les collaborations entre voisins et parfois même à l’échelle d’un quartier.

Malgré les freins, des projets essaiment partout en France

Moins cher, plus convivial, plus durable, qu’est ce qu’on attend me direz-vous ? En fait, jusque là le cohabitat était cantonné en France à des projets pionniers. Ainsi la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire d’Aquitaine recense en 2012 près de 300 projets en France. A titre de comparaison l'habitat participatif serait proche de 20% du marché du logement neuf en Allemagne...

Trois raisons principales expliquent ce retard, en premier lieu desquels les freins culturels. Le culte de la sacro-sainte maison individuelle a la dent dure, et la peur de la perte d’intimité est une crainte couramment observée par les acteurs du secteur. Sans doute le covoiturage a-t-il suscité les mêmes réticences à ses débuts ? Chacun dispose certes d’un logement indépendant mais la proximité et l’échange entre voisins, même choisis, sont moins répandus en France qu’en Europe du Nord. Toujours est-il que désormais nécessité économique fait loi : à plusieurs on peut s’offrir des espaces et des services en plus alors que les prix immobiliers ont plus que doublé en 10 ans. Cela joue forcément dans les comportements des ménages. Autre argument de poids : l’accès au foncier. Un propriétaire foncier souhaitant vendre un terrain ou un immeuble a généralement tendance à préférer un promoteur à la surface financière importante plutôt qu'un groupe d’habitants, aussi motivé soit-il. Cet obstacle est en passe d’être levé grâce à la réservation de terrains publics d’un côté, et aux partenariats passés entre habitants et opérateurs traditionnels (bailleurs sociaux, promoteurs privés) de l’autre. Enfin, comme souvent, la relative complexité juridique n'aide pas. La législation actuelle permet déjà à un groupe de réaliser lui-même sa résidence : en passant pour le temps de la construction par des sociétés civiles (SCIA, SCCC,...) et pour la vie de l’immeuble par le régime de copropriété. Mais pour multiplier les programmes, toucher un plus large public et s’adapter à la diversité des demandes, il reste encore à éclaircir un certain nombre de questions :

  • Comment réserver un terrain ou payer les travaux quand le groupe n’est pas au complet ?
  • Comment faciliter l’obtention des prêts ? Les banques demandent bien souvent une garantie financière d’achèvement que seuls les promoteurs peuvent obtenir à prix raisonnable
  • Comment développer les coopératives d’habitants et les nouveaux rapports à la propriété ?
  • Comment encadrer la spéculation sur les terrains publics mis en vente ?
  • Comment intégrer une quote-part de logements sociaux dans les immeubles ?

Pour tenter de répondre à ces questions, un réseau d’accompagnateurs professionnels (le RAHP) s’est créé en 2010. Leur but : faciliter la tâche des candidats, notamment au niveau juridique. Mais les zones d’ombre nécessitent un travail au cas par cas qui effraie les plus frileux. Le risque est bien de sacrifier les bénéfices de la conception collaborative sur l’autel de la sécurisation financière. On voit déjà poindre les opérations de “social washing” où les mutualisations sont réduites à la portion congrue...

Un courage politique bienvenu

Face à la crise du logement qui touche de plus en plus de ménages français, un groupe de collectivités a décidé d’agir. Et puisque les solutions connues ne marchent manifestement plus, autant en chercher de nouvelles : l'habitat participatif en fait partie. Une trentaine de villes (Bordeaux, Grenoble, Lille, Montreuil, Paris, Strasbourg,...), de communautés et de régions ont ainsi créé en 2010 un réseau national de soutien politique. Concrètement, ces collectivités ont commencé à céder des terrains publics directement aux groupes d’habitants assistés des professionnels pertinents, préservant ainsi ce secteur naissant de la concurrence des opérateurs traditionnels sur le marché foncier. Au niveau national, les choses bougent aussi. Le ministère du Logement et de l’Egalité des Territoires a lancé le 20 novembre un cycle d’ateliers de réflexion qui débouchera au printemps 2013 sur une reconnaissance législative de l’habitat participatif. Cette volonté politique, qu’elle se reflète dans une nouvelle loi ou qu'elle accélère simplement le dialogue nécessaire entre les différents acteurs de la construction, devrait aller dans le sens d’une simplification et d’une démocratisation de l’habitat participatif. La Ministre de l'Égalité des territoires et du Logement semble même avoir pris le sujet à coeur. Dans une vidéo diffusée sur internet, la ministre affirme son soutien au concept de l'habitat participatif : Chez Europe-Écologie-Les Verts, on ajoute dans un communiqué en date du 27 novembre :

L’absence de cadre législatif freine ces initiatives porteuses d’innovations sociales, de valeurs anti-spéculatives, de mutualisation d’espace. Son manque de reconnaissance grève le potentiel d’une autre gouvernance du logement ouverte sur la ville et ses habitants. Dans ce contexte de crise, il apparaît plus que jamais nécessaire d’associer l’ensemble des acteurs engagés pour envisager la fabrique d’une ville plus solidaire, plus écologique et porteuse d’un mieux vivre ensemble. C’est le défi relevé par la ministre Cécile Duflot qui entend intégrer l’habitat participatif au projet de loi- cadre du logement en 2013. (...) Si l’habitat participatif n’a pas vocation à résoudre la crise du logement, il doit y concourir largement et essaimer un autre rapport à la propriété, non spéculatif, à mi-chemin entre la location et la propriété privée.

Des terrains disponibles, des professionnels spécialisés, des pouvoirs publics engagés... L’habitat participatif devient peu à peu un secteur à part entière ! Ne reste plus qu’à séduire massivement les consomm’acteurs pour passer du combat militant au phénomène de société.

______

Un billet de Julien Maury, urbaniste et économiste, parisien et voyageur, je rêve d'une ville collaborative, économe et intelligente où les usagers retrouvent le droit à la parole !

Feu vert pour l’habitat participatif

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La construction immobilière était un des derniers secteurs où la consommation collaborative n’avait pas encore fait une entrée fracassante. Pourtant, une petite révolution est déjà en cours : l'habitat participatif. Une tendance dont même les pouvoirs publics commencent à s'emparer.

Qu'on l'appelle l'habitat participatif, cohabitat ou habitat groupé, ces termes barbares recouvrent une même idée : redonner la parole et le pouvoir aux habitants dans la conception et la gestion d'une résidence personnalisée. Cette troisième voie dans le logement neuf vient compléter l’offre des promoteurs privés et des bailleurs sociaux, en s’appuyant sur la force d’une demande citoyenne groupée. C’est bien ici l’offre qui s’adapte à la demande et non l’inverse. À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement. Ou encore de partager des espaces et services inaccessibles individuellement. On y retrouve le plus souvent des chambres d’amis, des laveries, des salles des fêtes partagées, de grands espaces extérieurs (terrasses, jardins) et...une communication améliorée entre voisins.

À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement.

Loin d’amplifier les tensions qui naissent souvent dans les copropriétés standards, le cohabitat permet de pacifier les relations de voisinage en créant dès le départ un espace de dialogue et de confiance. On s’y rend facilement de petits services pour garder les enfants, se prêter des produits culturels, de l'électroménager, partager des véhicules, bricoler ou prendre l’apéro... Bref il s’agit d’organiser et de favoriser les collaborations entre voisins et parfois même à l’échelle d’un quartier.

Malgré les freins, des projets essaiment partout en France

Moins cher, plus convivial, plus durable, qu’est ce qu’on attend me direz-vous ? En fait, jusque là le cohabitat était cantonné en France à des projets pionniers. Ainsi la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire d’Aquitaine recense en 2012 près de 300 projets en France. A titre de comparaison l'habitat participatif serait proche de 20% du marché du logement neuf en Allemagne...

Trois raisons principales expliquent ce retard, en premier lieu desquels les freins culturels. Le culte de la sacro-sainte maison individuelle a la dent dure, et la peur de la perte d’intimité est une crainte couramment observée par les acteurs du secteur. Sans doute le covoiturage a-t-il suscité les mêmes réticences à ses débuts ? Chacun dispose certes d’un logement indépendant mais la proximité et l’échange entre voisins, même choisis, sont moins répandus en France qu’en Europe du Nord. Toujours est-il que désormais nécessité économique fait loi : à plusieurs on peut s’offrir des espaces et des services en plus alors que les prix immobiliers ont plus que doublé en 10 ans. Cela joue forcément dans les comportements des ménages. Autre argument de poids : l’accès au foncier. Un propriétaire foncier souhaitant vendre un terrain ou un immeuble a généralement tendance à préférer un promoteur à la surface financière importante plutôt qu'un groupe d’habitants, aussi motivé soit-il. Cet obstacle est en passe d’être levé grâce à la réservation de terrains publics d’un côté, et aux partenariats passés entre habitants et opérateurs traditionnels (bailleurs sociaux, promoteurs privés) de l’autre. Enfin, comme souvent, la relative complexité juridique n'aide pas. La législation actuelle permet déjà à un groupe de réaliser lui-même sa résidence : en passant pour le temps de la construction par des sociétés civiles (SCIA, SCCC,...) et pour la vie de l’immeuble par le régime de copropriété. Mais pour multiplier les programmes, toucher un plus large public et s’adapter à la diversité des demandes, il reste encore à éclaircir un certain nombre de questions :

  • Comment réserver un terrain ou payer les travaux quand le groupe n’est pas au complet ?
  • Comment faciliter l’obtention des prêts ? Les banques demandent bien souvent une garantie financière d’achèvement que seuls les promoteurs peuvent obtenir à prix raisonnable
  • Comment développer les coopératives d’habitants et les nouveaux rapports à la propriété ?
  • Comment encadrer la spéculation sur les terrains publics mis en vente ?
  • Comment intégrer une quote-part de logements sociaux dans les immeubles ?

Pour tenter de répondre à ces questions, un réseau d’accompagnateurs professionnels (le RAHP) s’est créé en 2010. Leur but : faciliter la tâche des candidats, notamment au niveau juridique. Mais les zones d’ombre nécessitent un travail au cas par cas qui effraie les plus frileux. Le risque est bien de sacrifier les bénéfices de la conception collaborative sur l’autel de la sécurisation financière. On voit déjà poindre les opérations de “social washing” où les mutualisations sont réduites à la portion congrue...

Un courage politique bienvenu

Face à la crise du logement qui touche de plus en plus de ménages français, un groupe de collectivités a décidé d’agir. Et puisque les solutions connues ne marchent manifestement plus, autant en chercher de nouvelles : l'habitat participatif en fait partie. Une trentaine de villes (Bordeaux, Grenoble, Lille, Montreuil, Paris, Strasbourg,...), de communautés et de régions ont ainsi créé en 2010 un réseau national de soutien politique. Concrètement, ces collectivités ont commencé à céder des terrains publics directement aux groupes d’habitants assistés des professionnels pertinents, préservant ainsi ce secteur naissant de la concurrence des opérateurs traditionnels sur le marché foncier. Au niveau national, les choses bougent aussi. Le ministère du Logement et de l’Egalité des Territoires a lancé le 20 novembre un cycle d’ateliers de réflexion qui débouchera au printemps 2013 sur une reconnaissance législative de l’habitat participatif. Cette volonté politique, qu’elle se reflète dans une nouvelle loi ou qu'elle accélère simplement le dialogue nécessaire entre les différents acteurs de la construction, devrait aller dans le sens d’une simplification et d’une démocratisation de l’habitat participatif. La Ministre de l'Égalité des territoires et du Logement semble même avoir pris le sujet à coeur. Dans une vidéo diffusée sur internet, la ministre affirme son soutien au concept de l'habitat participatif : Chez Europe-Écologie-Les Verts, on ajoute dans un communiqué en date du 27 novembre :

L’absence de cadre législatif freine ces initiatives porteuses d’innovations sociales, de valeurs anti-spéculatives, de mutualisation d’espace. Son manque de reconnaissance grève le potentiel d’une autre gouvernance du logement ouverte sur la ville et ses habitants. Dans ce contexte de crise, il apparaît plus que jamais nécessaire d’associer l’ensemble des acteurs engagés pour envisager la fabrique d’une ville plus solidaire, plus écologique et porteuse d’un mieux vivre ensemble. C’est le défi relevé par la ministre Cécile Duflot qui entend intégrer l’habitat participatif au projet de loi- cadre du logement en 2013. (...) Si l’habitat participatif n’a pas vocation à résoudre la crise du logement, il doit y concourir largement et essaimer un autre rapport à la propriété, non spéculatif, à mi-chemin entre la location et la propriété privée.

Des terrains disponibles, des professionnels spécialisés, des pouvoirs publics engagés... L’habitat participatif devient peu à peu un secteur à part entière ! Ne reste plus qu’à séduire massivement les consomm’acteurs pour passer du combat militant au phénomène de société.

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Un billet de Julien Maury, urbaniste et économiste, parisien et voyageur, je rêve d'une ville collaborative, économe et intelligente où les usagers retrouvent le droit à la parole !

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December 6, 2012
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La construction immobilière était un des derniers secteurs où la consommation collaborative n’avait pas encore fait une entrée fracassante. Pourtant, une petite révolution est déjà en cours : l'habitat participatif. Une tendance dont même les pouvoirs publics commencent à s'emparer.

Qu'on l'appelle l'habitat participatif, cohabitat ou habitat groupé, ces termes barbares recouvrent une même idée : redonner la parole et le pouvoir aux habitants dans la conception et la gestion d'une résidence personnalisée. Cette troisième voie dans le logement neuf vient compléter l’offre des promoteurs privés et des bailleurs sociaux, en s’appuyant sur la force d’une demande citoyenne groupée. C’est bien ici l’offre qui s’adapte à la demande et non l’inverse. À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement. Ou encore de partager des espaces et services inaccessibles individuellement. On y retrouve le plus souvent des chambres d’amis, des laveries, des salles des fêtes partagées, de grands espaces extérieurs (terrasses, jardins) et...une communication améliorée entre voisins.

À plusieurs, il devient possible de faire baisser les prix, de choisir les plans, la performance énergétique et les matériaux de son logement.

Loin d’amplifier les tensions qui naissent souvent dans les copropriétés standards, le cohabitat permet de pacifier les relations de voisinage en créant dès le départ un espace de dialogue et de confiance. On s’y rend facilement de petits services pour garder les enfants, se prêter des produits culturels, de l'électroménager, partager des véhicules, bricoler ou prendre l’apéro... Bref il s’agit d’organiser et de favoriser les collaborations entre voisins et parfois même à l’échelle d’un quartier.

Malgré les freins, des projets essaiment partout en France

Moins cher, plus convivial, plus durable, qu’est ce qu’on attend me direz-vous ? En fait, jusque là le cohabitat était cantonné en France à des projets pionniers. Ainsi la Chambre Régionale de l’Économie Sociale et Solidaire d’Aquitaine recense en 2012 près de 300 projets en France. A titre de comparaison l'habitat participatif serait proche de 20% du marché du logement neuf en Allemagne...

Trois raisons principales expliquent ce retard, en premier lieu desquels les freins culturels. Le culte de la sacro-sainte maison individuelle a la dent dure, et la peur de la perte d’intimité est une crainte couramment observée par les acteurs du secteur. Sans doute le covoiturage a-t-il suscité les mêmes réticences à ses débuts ? Chacun dispose certes d’un logement indépendant mais la proximité et l’échange entre voisins, même choisis, sont moins répandus en France qu’en Europe du Nord. Toujours est-il que désormais nécessité économique fait loi : à plusieurs on peut s’offrir des espaces et des services en plus alors que les prix immobiliers ont plus que doublé en 10 ans. Cela joue forcément dans les comportements des ménages. Autre argument de poids : l’accès au foncier. Un propriétaire foncier souhaitant vendre un terrain ou un immeuble a généralement tendance à préférer un promoteur à la surface financière importante plutôt qu'un groupe d’habitants, aussi motivé soit-il. Cet obstacle est en passe d’être levé grâce à la réservation de terrains publics d’un côté, et aux partenariats passés entre habitants et opérateurs traditionnels (bailleurs sociaux, promoteurs privés) de l’autre. Enfin, comme souvent, la relative complexité juridique n'aide pas. La législation actuelle permet déjà à un groupe de réaliser lui-même sa résidence : en passant pour le temps de la construction par des sociétés civiles (SCIA, SCCC,...) et pour la vie de l’immeuble par le régime de copropriété. Mais pour multiplier les programmes, toucher un plus large public et s’adapter à la diversité des demandes, il reste encore à éclaircir un certain nombre de questions :

  • Comment réserver un terrain ou payer les travaux quand le groupe n’est pas au complet ?
  • Comment faciliter l’obtention des prêts ? Les banques demandent bien souvent une garantie financière d’achèvement que seuls les promoteurs peuvent obtenir à prix raisonnable
  • Comment développer les coopératives d’habitants et les nouveaux rapports à la propriété ?
  • Comment encadrer la spéculation sur les terrains publics mis en vente ?
  • Comment intégrer une quote-part de logements sociaux dans les immeubles ?

Pour tenter de répondre à ces questions, un réseau d’accompagnateurs professionnels (le RAHP) s’est créé en 2010. Leur but : faciliter la tâche des candidats, notamment au niveau juridique. Mais les zones d’ombre nécessitent un travail au cas par cas qui effraie les plus frileux. Le risque est bien de sacrifier les bénéfices de la conception collaborative sur l’autel de la sécurisation financière. On voit déjà poindre les opérations de “social washing” où les mutualisations sont réduites à la portion congrue...

Un courage politique bienvenu

Face à la crise du logement qui touche de plus en plus de ménages français, un groupe de collectivités a décidé d’agir. Et puisque les solutions connues ne marchent manifestement plus, autant en chercher de nouvelles : l'habitat participatif en fait partie. Une trentaine de villes (Bordeaux, Grenoble, Lille, Montreuil, Paris, Strasbourg,...), de communautés et de régions ont ainsi créé en 2010 un réseau national de soutien politique. Concrètement, ces collectivités ont commencé à céder des terrains publics directement aux groupes d’habitants assistés des professionnels pertinents, préservant ainsi ce secteur naissant de la concurrence des opérateurs traditionnels sur le marché foncier. Au niveau national, les choses bougent aussi. Le ministère du Logement et de l’Egalité des Territoires a lancé le 20 novembre un cycle d’ateliers de réflexion qui débouchera au printemps 2013 sur une reconnaissance législative de l’habitat participatif. Cette volonté politique, qu’elle se reflète dans une nouvelle loi ou qu'elle accélère simplement le dialogue nécessaire entre les différents acteurs de la construction, devrait aller dans le sens d’une simplification et d’une démocratisation de l’habitat participatif. La Ministre de l'Égalité des territoires et du Logement semble même avoir pris le sujet à coeur. Dans une vidéo diffusée sur internet, la ministre affirme son soutien au concept de l'habitat participatif : Chez Europe-Écologie-Les Verts, on ajoute dans un communiqué en date du 27 novembre :

L’absence de cadre législatif freine ces initiatives porteuses d’innovations sociales, de valeurs anti-spéculatives, de mutualisation d’espace. Son manque de reconnaissance grève le potentiel d’une autre gouvernance du logement ouverte sur la ville et ses habitants. Dans ce contexte de crise, il apparaît plus que jamais nécessaire d’associer l’ensemble des acteurs engagés pour envisager la fabrique d’une ville plus solidaire, plus écologique et porteuse d’un mieux vivre ensemble. C’est le défi relevé par la ministre Cécile Duflot qui entend intégrer l’habitat participatif au projet de loi- cadre du logement en 2013. (...) Si l’habitat participatif n’a pas vocation à résoudre la crise du logement, il doit y concourir largement et essaimer un autre rapport à la propriété, non spéculatif, à mi-chemin entre la location et la propriété privée.

Des terrains disponibles, des professionnels spécialisés, des pouvoirs publics engagés... L’habitat participatif devient peu à peu un secteur à part entière ! Ne reste plus qu’à séduire massivement les consomm’acteurs pour passer du combat militant au phénomène de société.

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Un billet de Julien Maury, urbaniste et économiste, parisien et voyageur, je rêve d'une ville collaborative, économe et intelligente où les usagers retrouvent le droit à la parole !

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December 6, 2012
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